La voix de Berry

Il se demandait parfois quel son avait sa voix. C'est vrai que ça faisait un bon moment déjà que personne ne l'avait entendue. Lui même n'en avait qu'un vague écho, comme un ronronnement étouffé par l'amas de chair et d'entrailles pesant de son corps. Le son s'en trouvait forcément déformé pensait-il et, à l'air libre, sa voix devait être plus légère, se sentir moins épiée. Certes, il lui arrivait d'échanger quelques phrases avec ses camarades du bois, des discussions sur le prix des saucisses par exemple - des prix, soit dit en passant, très intéressant quand la DLC approchait l'expiration puisqu'elles se retrouvaient brader pour trois fois rien et qu'il suffisait juste de les laisser un peu plus longtemps griller - mais, il le sentait bien, c'était là des sujets où sont gros intestins avait trop à attendre. La nature corrompt les intentions et les intonations. Il n'y avait pas de lui dans cette pré-régurgitation de saucisses. Le monde ne lui parlait plus et il ne parlait plus au monde. Il fallait en arriver à cette conclusion : sa voix s'était perdue. Ce n'était pas rien que cette chose là. C'était le début d'un quelque chose qui sentait la fin. D'abord la voix, et demain? Il fallait qu'il la rattrape c'est certain, arrêter la débâcle, mais il n'avait pas d'ami, pas de chien. Il ne se souvenait pas des lectures de sa jeunesse, il n'aurait même pas su en réciter quelques passages à haute voix. Parler aux arbres, aux oiseaux? Il n'osait pas les emmerder avec ses histoires sans intérêt. Il ne lui restait qu' à attendre ses reflets dans les vitrines, peut être finiraient ils par accoucher de sa schizophrénie.

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